Madagascar : ouverture d’une enquête parlementaire sur la gestion de la covid-19

Le lundi 30 novembre 2020, les sénateurs ont ouvert une enquête parlementaire sur la gestion de la pandémie de la covid-19 au Madasgascar.

En effet, ces derniers ont adopté en séance plénière une proposition de résolution relative à la mise en place officielle d’une commission d’enquêtes parlementaires composée de 4 comités. Pour ce faire, le premier comité se chargera d’une enquête sur la gestion financière de la crise de Covid-19 durant laquelle certains membres du gouvernement actuel ont été pointés du doigt. Quant au deuxième, il  effectuera une enquête sur la mutinerie survenue dans la prison de Farafangana en août dernier. Rappelons cependant, qu’ une vingtaine de détenus ont été tués par les forces de l’ordre lors de leur évasion. La riposte jugée disproportionnée de la part des forces de sécurité, a été dénoncée par plusieurs organisations à ce moment-là.

Toutefois, les deux autres comités se chargeront respectivement d’une enquête sur une affaire d’introduction d’armes dans le pays, qui impliqueraient des hauts dirigeants actuels. Enfin, le dernier comité se penchera sur l’affaire des doublons dans la liste électorale. Notons qu’un membre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI),  a révélé cette affaire qui a soulevé de nombreuses polémiques en début d’année. De plus, celle-ci a conduit à la démission du numéro 2 de la commission.

« J’accepte les éventuelles décisions de la haute juridiction »

La crise générée par les révélations du vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dépasse l’entendement. Après avoir soutenu son lieutenant, Thierry Rakotonarivo, lors d’une conférence de presse donnée mercredi, Hery Rakotomanana, président de cette commission, a déposé une requête demandant sa destitution le lendemain. La demande est actuellement en instance de traitement auprès de la Haute cour constitutionnelle (HCC).

Les motifs de cette requête déposée par Hery Rakotomanana : faute grave et violation de serment. Faute grave parce que le vice-président aurait pris tout seul l’initiative de révéler l’existence de plus d’un million de cartes d’identité nationale ayant des numéros identiques dans la liste électorale ; violation de serment parce qu’il n’aurait pas dû révéler ces informations classées secrètes.

Affaibli et apeuré, Thierry Rakotonarivo a déclaré hier vouloir accepter les éventuelles décisions de la haute juridiction et cette mesure prise par son président. Une fois de plus, il a rappelé que l’objectif de cette déclaration était d’informer les citoyens sur l’existence de ces anomalies graves qui méritent une correction. Mais visiblement, « cela ne peut être corrigé que lorsque les citoyens en sont informés », a-t-il précisé. Mais en effectuant ce rapport complet de l’opération de révision annuelle de la liste électorale, il aurait donc violé le serment.

Thierry Rakotonarivo aurait déjà été informé de ce projet de sa destitution lors d’une assemblée générale des membres de la CENI tenue jeudi matin. Des sources concordantes indiquent que cette décision fait suite à la rencontre entre Andry Rajoelina et Hery Rakotomanana la veille au palais d’Iavoloha. Une rencontre que l’opposante du régime, Fanirisoa Ernaivo, révèle avoir eu lieu en présence du président de la Haute cour constitutionnelle (HCC).

Depuis les révélations de Thierry Rakotonarivo, des politiciens ont demandé la destitution de tous les membres de la CENI et non seulement son vice-président. Mais à l’allure où vont les affaires nationales et le projet du régime, cette destitution de tous les membres s’avère impossible. En effet, l’exécutif envisage encore d’organiser cette année même, les référendums et les élections sénatoriales. Pour leurs organisations, il faudra bien entendu une équipe bien rodée, expérimentée, mais dépourvue d’un élément dissident.